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III- STOCKAGE DES GRAINS

La capacité globale de stockage (couverte et non couverte) dont dispose le secteur contrôlé en 1994 est estimée à 32.325 millions de qx. Elle se décompose comme suit:

* 25.278 millions qx chez organismes stockeurs soit 80 % de la capacité totale

Cette composante se répartit entre 17.569 millions qx chez les commerçants agrées et 8.159 millions de qx chez les coopératives.

* 5.377 millons qx chez les minoteries industrielles soit 16 % de la capacité totale

* 1.22 millions qx au niveau des silos portuaires soit 4% de la capacité totale

La capacité de stockage du secteur contrôlé est jugée suffisante eu égard à la part de la production que ce secteur collecte et transforme. Cette capacité est présente cependant des disparités régionales qui associées aux variations des niveaux de production et au système de commercialisation donnent lieu:

- d'une part à des dépassements de capacité de stockage couvertes dans certaines régions ce qui oblige au recours à un stockage à l'air libre et Des transferts directs des productions des centres à capcité de stockage insuffisnate vers les utilisateurs industriels sont opérés pour surmonter cet handicap.

-d'autre part à des sous utilisations des installations de stockage existantes (silos compris) dans d'autres régions.

Il y a lieu de noter une prédominance des magasins (76% de la capacité de stockage couverte) et que certaines unités du parc des silos détenus par les coopératives nécessitent une rénovation au niveau de leurs structures et équipements.

III.1- Equipements et capacité de stockage existants

III.1.1- Capacité de stockage disponible

La capacité de stockage des organismes stockeurs se répartit comme suit:

TABLEAU III.1 : Répartition de la capacité de stockage disponible des organismes spécialisés (coopératives et commerçants agrées)

Type de l'installation Capacité disponible (en million Qx) Capacité disponible (en %)
Capacité couverte 17.5  54.4
Plein air 8.3 25.6
Capacité totale 25.8

(Source :ONICL, MARS 1994)

Ce tableau met en évidence l'importance du secteur spécialisé dans le stockage (coopératives et commerçants agréés) puisqu'il totalise 25.8 millions de quintaux, soit 80% de la capacité totale disponible de l'ordre de 32.3 millions de quintaux (source :ONICL, MARS 1994).

a) Commerçants agréés

Les commerçants agréés sont des opérateurs privés qui interviennent dans le commerce et le stockage des céréales et des légumineuses sur pratiquement l'ensemble du territoire national. Le groupe actuellement actif, au nombre de 150 détient 55% de la capacité totale de stockage, soit 17.5 millions de quintaux. Cette capacité est composée de 72% du stockage en couvert (silos et magasins) et 28 % en plein air.

TABLEAU III.2 : Répartition de la capacité de stockage des commerçants agrées

Stockage Capacité 1000 qx Part % Part dans la capacité nationale
Couvert 12.662 72 57 %
Plein air 4.907 28 49 %
Total 17.569 100% 55%

(Source ONICL, MARS 1994)

La capacité couverte détenue par les commerçants agréés, représentant 57% de la capacité totale couverte, est constituée essentiellement de magasins (94%) contre 6% en silos, cette capacité est en croissance de 13.6% par rapport à celle de 1991.

TABLEAU III.3 : Répartition de la capacité de stockage couverte des commerçants agréés

Stockage couvert Capacité 1000 qx Part %
Magasins 11.856 94 %
Silo 0.806 6 %
Total 12.662 100 %

(Source : ONICL, MARS 1994)

b) Les coopératives (SCAM et CMA)

Les coopératives, au nombre de 13, sont des organismes coopératifs habilités à commercialiser les céréales et les légumineuses. Elles comprennent les Sociétés Coopératives Agricoles Marocaines (SCAM) et les Coopératives Marocaines Agricoles (CMA), l'ensemble étant regroupé en Union des Sociétés Coopératives Agricoles Marocaines (USCAM). Ces coopératives sont présentes dans toutes les provinces. Elles détiennent 25% de la capacité totale, soit 8.2 millions de quintaux (annexe 3).

Au niveau de ces organismes, les structures couvertes représentent 59% dont 46% sont constitués de silos.

TABLEAU III.4 : Répartition de la capacité de stockage des coopératives

Stockage Capacité 1000 qx Part % Part dans la capacité nationale
Couvert 4.796 59 21 %
Plein air 3.363 41 34 %
Total 8.159 100% 25%

(Source ONICL, MARS 1994)

La capacité couverte, représentant 21 % de la capacité totale couverte, est passée de 4.1 millions de qx en 1991 à 4.8 millions de qx en 1994 soit une augmentation de 17%.

La capacité non couverte ou sous bâches représente 26% de la capacité disponible. Le recours à ce type de stockage est assez fréquent en raison de l'insuffisance de la capacité couverte de stockage. Cette technique de stockage est caractérisée par une gestion lourde et engendre des pertes plus ou moins importantes (BARTALI et BEN MOUSSA, 1990).

En cas de surplus les organismes stockeurs peuvent avoir recours au stockage des grains dans les silos horizontaux qui peuvent constituer une alternative de l'entreposage des céréales à l'air libre en vrac-bardis. Cette technique est largement utilisée dans l'Ouest de l'Australie (BARTALI H. et BEN MOUSSA M., 1990).

TABLEAU III.5 : Répartition de la capacité de stockage couverte des coopératives

Stockage couvert Capacité 1000 qx Part %
Magasins 2.571 54 %
Silo 2.225 46 %
Total 4.796 100 %

(Source : ONICL, MARS 1994)

La répartition de la capacité de stockage par type de coopérative met en évidence que presque les 2/3 de cette capacité sont détenus par les SCAM.

III.1.2- Nature et âge des installations existantes

La quasi totalité des coopératives ont été construites pendant les années du protectorat français. Les installations de stockage existante présentent des âges différents pouvant atteindre plus de 40 ans, avec des structures très modernes ou très anciennes mais dans un état relativement bon. Des opérations de rénovation des équipements ont été déjà réalisées.D'autres sont en voie de l'être par certaines coopératives . Cependant plusieurs d'entre elles ont subi des changements importants. L'unité la plus récente réalisé est la construction à Tlat Bougadra de la nouvelle unité de la SCAM de Safi.

La CMA de Marrakech a opéré un changement total de ses équipements de manutention en 1990. La CMA de Oued Zem a lancé deux chantiers pour la construction d'une unité de 100 000 qx composée de dix cellules métalliques à Khouribga et d'une autre unité identique à Beni Mellal depuis 1990, les travaux qui ont connu un arrêt d'un an environ sont toujours en cours. La SCAM de Meknès a lancé un marché pour conforter ses installations et rénover ses équipements de manutention et de conditionnement (BARTALI H. et L. ACHY, 1994).

III.1.3- Répartition régionale de la capacité de stockage

La répartition de la capacité de stockage régionale n'est pas uniforme. En effet 22 millions de quintaux, soit 85% de la capacité disponible sont localisés dans quatre régions économiques : le centre, le centre nord, le nord ouest et le centre sud. La région du centre détient donc à elle seule le tiers de la capacité disponible (annexe 4).

En outre, au sein même de ces régions, la capacité de stockage est concentrée au niveau des Wilayas de Casablanca, de Fès et de Meknès ainsi qu'au niveau de la province de Kénitra. Ce groupe détient environ 60% de la capacité de stockage disponible, soit 14 millions de quintaux. Cette concentration de la capacité est due au fait que ces régions se distinguent par une activité meunière très intense (50% des moulins industriels) et des productions céréalières très importantes.

La figure 1 montre la répartition des installations de stockage mécanisé aux niveaux des ports et des coopératives.

La capacité de stockage des commerçants (90%) et des coopératives (76%) est localisé dans les mêmes régions, Wilayas et provinces citées précédemment (source : ONICL, MARS 1994)

La répartition de la capacité de stockage en vrac au Maroc par types, conditions générales de la structure et l'appartenance es t indiquée dans l'annexe 5.

III.2- Incitations à l'amélioration des conditions de stockage

III.2.1- Rentabilité de la fonction stockage

La faible rentabilité de la fonction de stockage, confirmée par l'enquête ONICL de 1990, inquiète fortement les professionnels sur l'avenir d'un secteur ou une bonne partie des entreprises enregistrent des pertes.

Cette faible rentabilité est attribuée à divers facteurs dont principalement la sous-utilisation des capacités et la rémunération insuffisante de l'opération de stockage et des charges fiscales élevés.

Ainsi, la prime de stockage actualisée en Mai 1992 à 3.80 DH par quintal (après une période de stagnation de 7 ans) est jugée faible par rapport à la prime calculée (4.87 DH par quintal). La prime officiellement fixée n'a pas tenu compte de la dernière augmentation intervenue dans les taux d'intérêt des crédits de Warrantage (passés de 8 à 11%), alors que les frais financiers interviennent pour 60% dans la formation du coût du stockage.

Avec la libéralisation attendue du commerce intérieur du blé tendre, principale denrée d'intervention des collecteurs, la marge de restitution et la prime de stockage seront éliminées laissant la place à un système de libre concurrence entre les opérateurs.

Cette concurrence se fera sur la base de la réduction du coût du stockage qui ne peut être opérée qu'à travers la restructuration des capacités, à savoir l'amélioration des techniques et économies d'échelle associées.

III.2.2- Promotion des installations de stockage

Comme souligné précédemment, un programme de promotion et de vulgarisation des techniques performantes de stockage à la ferme est en cours de préparation.

Ce programme, basé sur les résultats de l'étude réalisée par l'IAV Hassan II, touche des techniques variées et adaptées aux besoins des différentes catégories d'exploitations = Matmoras et sellas améliorées, stockage en chambre, stockage chinois, système australien, Silo...etc.

A noter que certains techniques intéressent même les professionnels du stockage.

III.2.3- Subventions

Dans le cadre du code des Investissements Agricoles, l'Etat a institué à partir d'Octobre 1990 une subvention pour la réalisation des unités de stockage de grain non liées à l'activité portuaire.

Cette subvention concerne toutes les gammes de capacité et se situe à hauteur de :

- 20% pour les capacités inférieures à 10.000 qx;

- 15% pour les capacités comprises entre 10.000 et 50.000 qx;

- 10% et 15% respectivement pour les individus et les coopératives installant des capacités de plus de 50.000 qx.

Ne peuvent profiter de cette subvention, conformément à l'esprit du CIA, que les agriculteurs pris individuellement ou regroupés en coopératives.

Le taux alloué à ces dernières est jugé suffisant pour les inciter à s'équiper en infrastructures de stockage et améliorer ainsi leur capacité de négociation qui sera mise à l'épreuve après la libéralisation totale du commerce des grains sur le marché intérieur.

Deux projets ont été subventionnés à l'heure actuelle :

- La SCAM de Safi pour une capacité de 300.000 qx;

- Un commerçant agréé (El Kalaa) pour une capacité de 113.000 qx.

Le projet de la CMA d'Oued Zem avec une capacité de 100.000 qx à Khouribga et 100.000 qx à Beni Mellal est en cours de réalisation.